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L'auto-stop préserve l'idée de trajet :

Les politiques et promoteurs des moyens de transport affirment que la vitesse fait gagner du temps, ce qui est conforme aux lois de la physique, mais dans la pratique, les personnes se plaignent de perdre du temps dans les transports, elles ne supportent pas de se déplacer lentement. Ceci s'explique par une volonté de supprimer le trajet, seul l'arrivée compte. Cet impératif se réalise avec un remplissage maximal des transports et un isolement dans la promiscuité. Cela a pour conséquence la production de temps mort, perdu, du temps d'ennui.

Le temps de l'auto-stop ne rentre pas dans cette logique de transit, il n'est pas directement inséré dans la course économique, étant disqualifié, il préserve l'intérêt du trajet dans le déplacement, qui accumule paysages et visages, discussions et contemplations, succession de temps et de rythmes. Ce moyen de mobilité non concurrentiel rattrape encore moins que les autres la fuite du temps monnayé, vendu au travail ou racheté aux loisirs. Dans ce temps séparé du marché du travail, ou la mobilité est permise et non pas imposée, peut se produire un processus de désaliénation du temps vécu, car le temps n'est pas acheté.

Toute fois ce temps rencontre une diversité de temps, ceux des automobilistes (pour la plupart astreints au salariat, à la quête de moyens d'existence et aux loisirs organisés identiquement) qui majoritairement dans leur mouvement routier démystifient de fait « la liberté de circulation » puisque ce sont les marchandises qui l'ont conquise, tandis que les hommes, ravalés au rang de marchandises qui payent, sont convoyés d'un lieu d'exploitation à un autre (annulant les raisons de quitter un lieu comme de s'y attacher : la promesse d'émancipation que contenait le fait de ne plus être contraint de passer son existence dans un lieu unique s'est renversée en certitude malheureuse de ne plus être chez soi nulle part, et d'avoir toujours à aller voir ailleurs si l'on s'y retrouve.



Alliance pour l'opposition à toutes les nuisances: Relevé provisoire de nos griefs contre le despotisme de la vitesse à l'occasion de l'extension des lignes du TGV, Juillet 1991.